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Semaines 11 et 12

Jouer dans un carré de sable
La semaine a commencé en force en terminant l’installation des charpentes pour la toiture de l’école. En parallèle, certains maçons ont travaillé sur les finitions du château d’eau. Comme c’est important d’avoir un crépi fin et uniforme, on s’est aussi lancé·e sur le tamisage du sable dans l’espoir d’y enlever toutes les roches qui s’y trouvaient. La tâche était simple : prendre un filet, mettre du sable dedans, le plonger dans l’eau, le secouer comme si notre vie en dépendait, sortir les impuretés, pelleter le sable, et… recommencer encore et encore. Disons que ce n’était pas exactement l’activité la plus palpitante du chantier. Mais au moins, on avait l’impression d’être à la plage avec un peu (beaucoup) de sable dans les bottes.

Mardi, en fin d’après-midi, direction Pak Lay pour notre journée de congé le lendemain (encore une fois merci à la lune pour ce congé). Nous en avons profité pour se relaxer, faire du sport et se promener dans la ville. Julien, lui, à sauté sur l’occasion pour faire une grande tournée des magasins. L’objectif était de préparer la fête du village et gâter les enfants. Ballons de soccer, raquettes de badminton, cahiers à colorier… il a vidé les étagères ! Justine est vite venue lui prêter main-forte pour transporter tous les sacs. Le lendemain, c’était déjà l’heure de retourner à Don Phoung.


Un appel du futur
Il se passe beaucoup de choses au village… mais aussi à l’ÉTS ! C’est déjà le moment de former la nouvelle équipe du PRÉCI 2026. Jeudi matin, on a reçu un appel très important auquel Julien a répondu, un peu trop tôt à notre goût, de la part de la toute nouvelle équipe qui se rencontrait pour la première fois. On s’est senti·es un peu nostalgiques en repensant à nos débuts, à l’excitation et au stress qu’on avait à leur place. Le temps passe vite, et c’est fou de réaliser à quel point chaque étape compte… même celle du sable à tamiser !

Malgré ce réveil inattendu, il fallait être en forme, car une grosse journée nous attendait ! Nous avons enfin pu commencer un premier projet secondaire : l’installation d’une clôture en maçonnerie de plus de 400 mètres autour de l’école. Une centaine de villageois·es sont venu·es nous aider et, comme à leur habitude, on a cligné des yeux et tout était déjà terminé. Plus de 130 trous creusés ! Pendant ce temps, les travailleurs habituels continuaient à installer les tuiles sur la toiture de l’école.


Hydro Québec, où es tu ?
Samedi a été une journée vraiment relaxe, car on s’est réveillé·es avec une coupure de courant à travers tout le village. Don Phoung n’est pas dans la trajectoire du typhon Kalmaegi, mais on en ressent tout de même les effets. Malgré l’affirmation de Lucas que la saison des pluies était maintenant « terminée » (merci pour la malchance), on a eu les plus grosses averses depuis notre arrivée. Pas de panique, tout le monde va bien et l’école tient toujours. En revanche, le « mur » de la chambre des filles qui, on se rappelle, consiste à quelques planches de bois et une bâche, a beaucoup souffert. Malgré une solidité difficile à mettre en doute, beaucoup d’eau réussit à s’infiltrer pendant les grosses journées de pluie. On espère qu’avec beaucoup de ruban adhésif, il va survivre jusqu’à la fin du projet.


Le lendemain, Julien, Jeanne, Amine et Justine se sont attaqué·es à un autre projet : l’implantation du futur terrain de soccer. Une tâche qui, en apparence, semblait simple, mais disons qu’entre la fatigue, les calculs (c’est vraiment juste Pythagore…) et le manque de matériel, ce n’était pas leur moment de gloire. Et juste quand le quatuor pensait avoir terminé, le directeur est arrivé pour leur annoncer qu’il fallait tout décaler de 5 mètres, parce que les buts seraient trop proches du voisin. Alors, une fois la motivation retrouvée, ils et elles ont repris leurs piquets et leur ficelle et sont retourné·es sur terrain.

Les jours suivants ont été bien remplis, avec la toiture enfin terminée, une belle étape de franchie ! En parallèle, la tuyauterie a été installée et les murs des latrines montés. Puis, mardi soir, un gros camion est arrivé, tellement rempli de matériaux qu’on se demandait comment il avait réussi à parcourir la route jusqu’à Don Phoung. Cette fois, c’était une commande massive, assez pour donner vie à toutes nos idées. Heureusement, les villageois qui jouaient au soccer à ce moment-là se sont précipités pour nous aider à tout décharger en un temps record. Des sacs de ciment, des tuiles, des poteaux en béton beaucoup trop lourds… bref, la suite s’annonce intéressante pour les projets secondaires.


L’heure du service de garde !
La toiture étant enfin terminée, nous avons commencé le crépi dans les classes tout en profitant pour faire un peu de ménage sur le chantier. C’est une tâche qui nécessite beaucoup de patience et de temps, mais qui remplit bien les journées et est très gratifiante.
Depuis le grand magasinage de Julien, notre campement s’est transformé en un véritable service de garde improvisé, tellement qu’on perd le contrôle : Julien entraîne son équipe de boxe ; Amine s’est découvert un talent caché pour le badminton ; Louis devient un vrai pro du soccer ; Justine apprend les danses en ligne laotiennes avec grand plaisir et insiste toujours pour leur enseigner Cotton Eye Joe ; Jeanne vit sa meilleure vie en dessinant jusqu’à ce qu’un enfant « emprunte » son crayon préféré ; Lucas court dans tous les sens pour participer à toutes les activités et s’assurer que personne ne s’ennuie. Même certains parents passent faire un tour pour regarder ou se joindre aux jeux. Notre frigo se remplit peu à peu de dessins colorés offerts fièrement par les enfants, c’est devenu notre moment préféré de la journée.


RÉUNION RÉUNION RÉUNION
Jeudi a été une longue journée de réunions. Nous avons commencé par une rencontre d’équipe pour planifier toutes les prochaines étapes des projets secondaires et des finitions de l’école. Ensuite, nous sommes allé·es présenter nos idées et recommander certains matériaux manquants auprès de nos contremaîtres. La soirée s’est terminée très tard, à présenter toutes nos propositions avec les dirigeants du village. Nous étions ravi·es que tout soit enfin officiellement lancé.
Vendredi matin, le chef a rassemblé tout le village pour répartir les tâches pour la construction de la clôture, de façon à ce que chaque jour un groupe différent puisse venir nous aider. Nous nous sommes réparti·es en trois équipes, chacune responsable d’une quinzaine de villageois·es. On leur montrait comment remplir les trous de fondation avec la bonne quantité de sable, préparer le béton et installer les poteaux correctement.


Méchant changement !
Le lendemain, nous avons continué la clôture et avons en quelque sorte eu la surprise que nous devions commencer notre deuxième projet secondaire. C’était un projet que nous appréhendions depuis longtemps déjà : la transformation de notre maison actuelle en bureaux pour les enseignantes ! Qui dit rénovation, dit déménagement. Notre maison, où nous avons vécu pendant trois mois avec nos geckos, le mur des filles qui tient à peine debout et le ventilateur qui a failli tuer Julien, sera complètement rénovée. Le projet devait commencer le jour suivant, mais certain·es villageois·es, un peu trop enthousiastes, ont pris les devants et ont commencé à défaire la toiture. Comme quoi même après toutes ces semaines, la barrière de la langue engendre encore des problèmes de communication. Jeanne, un peu paniquée, est donc vite allée arrêter les travailleurs. Disons que c’était notre signe que nous devions déménager au plus vite ! On a donc commencé à transférer nos affaires, le midi, dans le bureau du directeur, une petite maison à 30 cm du chantier. Jusqu’à la fin du projet, nous allons donc tous·tes les six être collé·es dans la même maison… une chance qu’on s’aime !



Les filles ont droit à une pièce qui, à première vue, pourrait ressembler à une simple garde-robe… mais non ! C’est bien leur nouvelle chambre accompagnée, évidemment, de geckos beaucoup plus gros et menaçants. Quant aux garçons, ils ont eu une pièce un peu plus petite qu’avant donc beaucoup moins d’espace pour s’étaler. Et maintenant, c’est le tour d’Amine d’avoir quelque chose au-dessus de son lit. Un vieux nid d’abeilles presque en fin de vie, juste assez pour lui donner un petit frisson.
Dimanche, les villageois·es n’étaient pas avec nous pour continuer la clôture, car c’était le moment de récolter le caoutchouc dans les champs aux alentours. Nous en avons donc profité pour que Jeanne, Justine et Amine partent à Pak Lay afin d’acheter des matériaux manquant pour la construction. Pendant ce temps, les garçons ont continué la clôture et posé du crépi dans les classes de l’école. On commence vraiment à voir la fin se profiler à grands pas. Tout s’enchaîne de plus en plus vite, et c’est vraiment excitant.

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